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Retour sur le Congrès international "Communication interne dans les institutions catholiques et pontificales : limites et défis"

18 novembre 2025 Association
Publié par Loïc ROCHE
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Du 12 au 14 novembre 2025, la Universidad Pontificia de Salamanca (UPSA) a accueilli le premier Congrès international consacré à la communication interne dans les institutions catholiques et pontificales, en partenariat avec la Fédération Internationale des Universités Catholiques (FIUC). Pendant trois jours, responsables universitaires, experts en communication, représentants du Saint-Siège et chercheurs ont approfondi un enjeu stratégique : renforcer la mission, la confiance et l’identité catholique grâce à une communication institutionnelle adaptée aux défis contemporains.

 

 

Jour 1 — Identité, gouvernance et vision institutionnelle

 

Le congrès s’est ouvert avec le Prof. Santiago García-Jalón de la Lama, recteur de l’UPSA, qui a rappelé que la communication interne est une dimension constitutive de la vie universitaire :

« Dans une université catholique, communiquer, c’est exercer une forme de charité intellectuelle et institutionnelle. »

Le Préfet du Dicastère pour la Communication, Dr Paolo Ruffini, a mis en garde contre les logiques de déshumanisation propres aux environnements numériques contemporains :

« Là où la communication cesse d’être une rencontre humaine, elle devient un mécanisme d’isolement. »

Dans un message transmis par Loïc Roche, le Secrétaire général de la FIUC, Dr François Mabille, a insisté sur trois convictions majeures :

  • la communication interne est un pilier de la mission,

  • elle doit devenir un espace de synodalité,

  • elle fonde une culture institutionnelle partagée.

 

La soirée s’est poursuivie avec la conférence de Mgr Paul Desmond Tighe, Secrétaire du Dicastère pour la Culture et l’Éducation, consacrée au rôle des universités dans l’ère de l’intelligence artificielle.


Il a souligné que l’IA constitue un tournant majeur pour les institutions académiques, en invitant les universités catholiques à assumer une responsabilité particulière : garantir que les technologies restent au service de la personne humaine. Mgr Tighe a insisté sur l’importance d’une formation qui développe non seulement des compétences techniques, mais aussi un discernement éthique, afin que l’IA favorise la créativité, la relation et la recherche de sens plutôt que l’isolement ou la déshumanisation.

La conférence de Juan Manuel Mora : la communication comme architecture institutionnelle

 

La première journée s’est conclue par l’intervention structurante de Juan Manuel Mora, Vice-recteur pour la Communication de la Pontificia Università della Santa Croce (Rome).

 

Il a soutenu l’idée que :

La communication interne ne décrit pas l’institution : elle la construit.

Selon lui, la communication interne est une architecture invisible articulant gouvernance, cohésion, apprentissage collectif et capacité de transformation institutionnelle. Il a plaidé pour une communication « authentiquement universitaire », fondée sur la rigueur intellectuelle, le dialogue et la recherche du bien commun.

Jour 2 — Stratégies, publics et pratiques institutionnelles

 

La deuxième journée a été consacrée aux pratiques, méthodes et dispositifs de communication interne.

 

Marta Yuste, Directrice de la communication de l’Universidad Católica de Ávila, a présenté huit clés pour une communication efficace, insistant notamment sur la connaissance des publics, la cohérence institutionnelle et l’usage raisonné de la technologie.

 

Une table ronde animée par Dr Michaela Moldová Chovancová (Université catholique de Ruzomberok) a mis en avant l’importance du profil étudiant dans les stratégies internes.


Prof. Ángel Losada Vázquez (UPSA) a souligné la contribution de l’IA pour améliorer le dialogue et la personnalisation.

 

L’intervention de Bernward Robrecht : la confiance comme fondement institutionnel

 

L’après-midi a été marqué par une intervention remarquable de Dr Bernward Robrecht, Chancelier de la Katholische Hochschule Nordrhein-Westfalen (KatHO NRW).

 

Il a identifié trois piliers indispensables à toute communication interne fiable :

  1. La protection des données, devoir moral et juridique.

  2. La sécurité de l’information, condition de confiance.

  3. La formation annuelle obligatoire, garante d’une culture institutionnelle solide.

Il a conclu :

« Une bonne communication interne crée de la confiance, construit l’appartenance et nourrit l’identité catholique partagée. »

Panel d’expériences institutionnelles

 

Le panel réunissait :

  • Verena Behr, Responsable communication interne, KatHO Cologne

  • Dr Giovanni Tridente, Responsable de la communication institutionnelle, Università della Santa Croce
    Modération : Débora García, Directrice de la communication, UPSA

Les intervenants ont exposé leurs dispositifs internes et les défis propres aux communautés multiculturelles.

 

La journée s’est achevée avec Juan Ramón Martín San Román (UPSA) sur le rôle du langage clair et de l’expérience utilisateur.

Jour 3 — Intelligence artificielle et perspectives globales

 

Giovanni Tridente : une boussole humaniste pour l’ère de l’IA

 

La conférence de Dr Giovanni Tridente, Professeur et Responsable de la communication institutionnelle à l’Università della Santa Croce, a offert une réflexion anthropologique profonde.


Il a structuré son propos autour de quatre savoirs — être, faire, agir, accompagner — conçus comme une boussole éthique pour guider l’usage de l’IA dans les institutions catholiques.

 

Sa thèse centrale :

« L’intelligence artificielle doit augmenter la relation humaine, jamais s’y substituer. »

Table ronde sur la transformation culturelle de l’IA

 

Modérée par Suzana Obrovac, Directrice des relations publiques de l’Université catholique de Croatie, la table ronde a montré que l’IA constitue un changement institutionnel global, touchant à la fois les processus, la gouvernance, la formation et la culture interne.

Clôture : vers un nouveau réseau de communication de la FIUC

 

La séance finale a réuni plusieurs responsables institutionnels, parmi lesquels Paolo Ruffini, Préfet du Dicastère pour la Communication du Saint-Siège, dont l’intervention a marqué un temps fort du colloque. Il a rappelé que la mission de communication dans l’Église et dans les universités catholiques n’est pas seulement technique : elle est intrinsèquement liée à la vérité, à la confiance et au service du bien commun. Dans un climat saturé de désinformation et de manipulation, il a insisté sur la nécessité de « reconstruire une communication fiable », capable de ramener les personnes à la réalité, de favoriser des espaces de dialogue authentique et de soutenir la mission éducative et sociale des institutions catholiques.


Ruffini a également souligné que la crédibilité ne s’impose pas : elle se construit dans la cohérence, la transparence, l’écoute et l’attention aux plus vulnérables. Une institution qui communique bien est, selon lui, une institution qui sait « mettre au centre la personne » et qui développe une culture relationnelle fondée sur la confiance.

 

La rencontre a bénéficié du partenariat de la Chaire Cardinal Ruffini, un programme académique dédié à l’étude des transformations de l’Église contemporaine et aux enjeux culturels, sociaux et médiatiques qui influencent la vie ecclésiale. La Chaire soutient des travaux interdisciplinaires visant à renforcer une culture du dialogue, de la recherche et de la communication responsable.

 

La Dr María Jesús Domínguez, représentante de la Missionary Social Service Society, a rappelé que :


« Une communication attentive est un geste communautaire de soin mutuel. »


Elle a insisté sur la dimension éthique de la communication lorsqu’elle est pensée comme une forme de solidarité, de proximité et de responsabilité partagée au sein des communautés éducatives.

 

Au nom de la Fédération Internationale des Universités Catholiques (FIUC), Loïc Roche, Directeur de la communication et de la stratégie, a annoncé :

  • la création du nouveau réseau de communication de la FIUC, destiné à rassembler les responsables communication des universités catholiques du monde entier, favoriser la coopération, partager des pratiques et renforcer les liens internationaux;

  • la tenue du prochain congrès FIUC sur le branding des universités catholiques, proposé par la KatHO NRW (Cologne) et prévu du 18 au 21 octobre 2026.

 

En conclusion, le recteur de l’université organisatrice, Pr Santiago García-Jalón de la Lama, a offert une réflexion replaçant la communication institutionnelle au cœur de la mission universitaire. Il a souligné que la communication n’est pas un appendice opérationnel mais un véritable vecteur de mission, un espace où se construisent l’identité, la réputation et la capacité de l’université à rejoindre la société. Pour lui, communiquer signifie « donner sens », rendre visible l’engagement académique, social et ecclésial, et témoigner de la cohérence entre le message éducatif, la vie institutionnelle et l’action quotidienne.


Il a également rappelé que, dans un monde fragmenté, les universités ont le devoir d’incarner un modèle de communication responsable, capable de créer confiance et intelligence collective.

 

Une étape fondatrice pour les universités catholiques

 

Ce congrès inaugure une nouvelle dynamique dans l’enseignement supérieur catholique mondial. Il a montré :

  • le rôle stratégique de la communication dans la mission éducative ;

  • l’importance de la confiance et de la sécurité institutionnelle ;

  • les opportunités d’une IA humaniste ;

  • la nécessité de structurer une collaboration internationale durable.

 

Communiquer dans une université catholique, c’est servir la vérité, la communion et la mission.

 




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